COMPTE RENDU DE L’AUDIENCE À L’ÉLYSÉE 21 JUIN 2017
Les associations littéraires APFLA-CPL, APLAES, APLettres, CNARELA, SEL et SLL ont été reçues par M. Thierry Coulhon, Conseiller Enseignement supérieur, Recherche et Innovation à la Présidence de la République le 21 juin 2017 à 15h30.
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Au nom des associations littéraires qui sont réunies et agissent ensemble depuis les premières annonces de la réforme du collège, François Martin, président de la CNARELA, remercie le Président de la République d’avoir répondu favorablement, avec diligence, à la demande d’audience commune des associations professionnelles représentant un très grand nombre de collègues du secondaire et du supérieur.
Il rappelle que trois demandes d’audiences ont été envoyées à l’ancien Président de la République, François Hollande, qui n’a jamais reçu nos associations et a toujours renvoyé les courriers à la ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Nous voyons donc dans cette première rencontre un changement certain qui, nous l’espérons, sera accompagné de mesures sérieuses et efficaces pour l’enseignement des langues anciennes et du français dans l’école de la République.
Thierry Coulhon précise que le Président de la République a tenu à nous recevoir car ses engagements pour l’éducation dans sa campagne étaient clairs. Il nous précise qu’un conseiller en charge de l’enseignement secondaire sera nommé prochainement. Il s’engage à faire part de nos échanges à cette personne.
François Martin propose d’aborder en premier lieu le collège, en particulier la réforme de 2016 et la publication du nouvel arrêté du 16 juin 2017, puis le lycée et l’enseignement supérieur (CPGE, université et concours) avant de conclure sur les propositions que souhaitent soumettre les associations.
I. Collège
François Martin rappelle brièvement la situation des langues anciennes dans l’enseignement secondaire avant la réforme, leur statut de disciplines optionnelles, présentes dans les grilles horaires, en théorie ouvertes à tous, selon les textes officiels, mais en réalité mises à mal par des horaires non fléchés et les positions hiérarchiques, souvent dogmatiques, qui entravent l’action des professeurs, des élèves et des familles.
Il aborde ensuite la réforme du collège de 2016, véritable travail de sape des enseignements de langues anciennes. Les combats menés par nos associations ont permis de sauvegarder quelques heures via des « enseignements de complément » en latin et en grec ancien, qui n’étaient pas prévus dans les premières annonces. La réforme n’a pas été l’occasion d’en finir avec les difficultés administratives que rencontrent les langues anciennes, malgré les interventions de la CNARELA depuis de nombreuses années, comme celles des associations présentes : les horaires ne sont toujours pas fléchés, les enseignements de latin et de grec ancien sont toujours mis en concurrence avec d’autres dispositifs pris sur la marge horaire.
Le 16 juin 2017, un nouvel arrêté a été pris par le nouveau ministre, Jean-Michel Blanquer. Cet arrêté témoigne manifestement d’un changement d’orientation dans la politique éducative par rapport au dernier quinquennat. Nous nous en félicitons et prenons acte de la volonté de redonner leur place légitime aux langues anciennes dans la scolarité et de proposer une première traduction de l’un des engagements du Président de la République à ce sujet.
Cependant, vu la date à laquelle cet arrêté a été publié, nos inquiétudes subsistent : la rentrée est préparée depuis longtemps dans les établissements et un tel texte crée l’effet inverse de celui que l’on pourrait espérer. Nous pouvons, entre autres, donner l’exemple d’une collègue de l’académie de Créteil, qui a déjà dû faire face à des refus d’inscription en latin l’année dernière et se retrouve dans une situation identique cette année, malgré le soutien de son chef d’établissement car le rectorat refuse d’accorder une dotation horaire spécifique, pourtant signalée à l’art. 5 de l’arrêté. Dans d’autres cas, les chefs d’établissement refusent de revoir les DHG votées en mars. La concurrence avec les dédoublements de classes ou les autres disciplines optionnelles ajoute encore du désordre après une année très éprouvante pour nos collègues et nous le déplorons.
François Martin rappelle que plusieurs de nos associations ont demandé une audience au ministère de l’Éducation nationale et souhaitent rencontrer le ministre dès que possible pour mettre en place des moyens réels qui redonnent aux professeurs de Lettres classiques la possibilité de faire leur travail dans les meilleures conditions. L’arrêté ne règle pas de nombreux problèmes que nous évoquons, en particulier les tournures telles que « dans la limite de », dont l’interprétation reste incertaine.